mardi 27 janvier 2009

Un acte de courage moral exceptionnel, typique de la guerre civile espagnole



- Un infirme qui n'a pas la grandeur spirituelle de Cervantes est porté à rechercher un terrible soulagement en multipliant les mutilés autour de lui.
- ¡Muera la inteligencia ! ¡Viva la Muerte !

"Tous vous attendez mes paroles. Vous me connaissez et vous savez que je ne peux rester silencieux. Parfois se taire est mentir. [...] Il m'est douloureux de penser que le général Millán Astray dicte les grandes lignes de la psychologie de masse. Un infirme qui n'a pas la grandeur spirituelle de Cervantes est porté à rechercher un terrible soulagement en multipliant les mutilés autour de lui. Le général Millán Astray aimerait recréer l'Espagne de toute pièces, une création négative à son image et à sa ressemblance ; c'est pour cette raison qu'il souhaite voir une Espagne mutilée."
Le général incapable de se contenir plus longtemps éructe : " ¡Muera la inteligencia ! ¡Viva la Muerte !" Des phalangistes reprennent ce cri et des officiers sortent leur pistolet. Unamuno continue :
"Voici le temple de l'intelligence, et j'en suis le grand prêtre. C'est vous qui en profanez l'enceinte sacrée. Vous gagnerez parce que vous avez plus de force bestiale qu'il n'en faut. Mais vous ne convaincrez pas. Car, pour convaincre, il vous faudrait ce qu'il vous manque : la raison et le droit dans votre combat."

Dans le texte
"Me duele pensar que el general Míllán Astray pueda dictar las normas de psicología de las masas. Un inválido que carezca de la grandeza espiritual de Cervantes, que era un hombre, no un superhombre, viril y completo a pesar de sus mutilaciones, un inválido, como dije, que carezca de esa superioridad de espíritu suele sentirse aliviado viendo cómo aumenta el número de mutilados alrededor de él. (... ) El general Millán Astray quisiera crear una España nueva, creación negativa sin duda, según su propia imagen. Y por ello desearía una España mutilada..."

Furioso, Millán gritó: "¡Muera la inteligencia!". En un intento de calmar los ánimos, el poeta José María Pemán exclamó: "¡No! ¡Viva la inteligencia! ¡Mueran los malos intelectuales!". Unamuno no se amilanó y concluyó:
"¡Éste es el templo de la inteligencia! ¡Y yo soy su supremo sacerdote! Vosotros estáis profanando su sagrado recinto. Yo siempre he sido, diga lo que diga el proverbio, un profeta en mi propio país. Venceréis, pero no convenceréis. Venceréis porque tenéis sobrada fuerza bruta; pero no convenceréis, porque convencer significa persuadir. Y para persuadir necesitáis algo que os falta: razón y derecho en la lucha."

Le Contexte
Nous sommes le 12 octobre 1936 à Salamanque, Espagne. Depuis le 18 juillet, Franco, une partie de l'armée, les royalistes et phalangistes ont déclenché un coup d'Etat militaire destiné à renverser la république normalement élu par le suffrage universelle. Chaque ville conquise par les nationalistes donne lieu à des tueries très importantes de civils.

Miguel de Unamuno , poète, philosophe basque est recteur de l'université de Salamanque. Républicain, mais plutôt droitier, il a soutenu le soulèvement "nationaliste" à ses débuts. Mais il n'ignore pas les massacre survenu à Salamanque, l'exécution de ses amis, dont Prieto, le maire de la ville, Vila professeur d'arabe et le poète Garcia Lorca à l'université de Grenade.

Les nationalistes décident de célébrer la conquête de la ville à l'occasion de la fête de la "Race espagnole" (12 octobre, anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb). A l'université, le public rassemble une foule de phalangistes, des responsables importants du mouvements nationaliste, l'épouse de Franco, le général Astray, fondateur de la Légion étrangère, qui a perdu un oeil et un bras au combat et apparait comme "un spectre vivant de la guerre ". Après des discours violents de diverses personnes, dont des universitaires, on insiste pour que Unamuno prenne la parole, dont un extrait ait reproduit ici.

Il semble que la présence de la veuve de Franco ait empêché son lynchage. Après ce discours Unamuno, maudit par les nationalistes, mais en désaccord avec les républicains, mourut le coeur brisé fin 1936.

Ecoutez la voix de Unamuno dans un autre contexte



Texte du poème

El armador aquel de casas rústicas
habló desde la barca,
ellos sobre la grava de la orilla,
y él flotando en las aguas.

Y la brisa del lago recogía
de su boca parábolas,
ojos que ven, oídos que gozan
de bienaventuranza.

Recién nacían por el aire claro
las semillas alabadas,
el sol las revestía con sus rayos,
la brisa las acunaba.

Hasta que al fin cayeron en un libro
¡ay, tragedia del alma!
ellos tumbados en la grava seca
y él flotando en las aguas.

Sources

Beevor, A. (2006/2008). La guerre d'Espagne. Paris : Le Livre de Poche. pp. 191-193
Palabra Virtual (2008). Entrée "El armador aquel..." en la voz de Miguel de Unamuno [http://palabravirtual.com]
Wikipedia (2009). Entrée "Miguel Unamuno" en espagnol. Wikipedia.org [http://es.wikipedia.org/wiki/Unamuno]

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